MÉGALITHISME
LE SOLEIL ET LA LUNE SE MARIENT DANS LE MORBIHAN
par Howard Crowhurst
Pour ceux qui connaissaient le dolmen de la Table des Marchands à Locmariaquer avant les travaux de “restauration” en 1991, la version moderne n’est rien de moins qu’une catastrophe. La photographie prise en 1886 par l’archéologue et auteur Félix Gaillard, montre le monument dans son état “nu”, avec une pierre de couverture massive en orthogneiss, 7 m de long, 4 m de large et jusqu’à 0,8 m d’épaisseur, visiblement cassé aux deux extrémités, en équilibre sur trois pierres de soutien à la manière d’un tabouret de laitière.
Deux autres grosses pierres, qui ne sont pas visibles sur la photo mais se trouvaient à sa droite, recouvrent partiellement le couloir qui mène à la chambre sous la pierre de couverture. Selon les archéologues qui ont fouillé le site, cette structure monumentale était très probablement recouverte d’un cairn de pierres sèches (qui aurait pu mesurer entre 5 et 6 m de haut). La détérioration semblerait s’être produite à l’époque gallo-romaine pour fournir des moellons (depuis le cairn) et des pierres de taille (provenant de certains piliers et pierres de couverture du couloir du dolmen) pour la construction de l’ancienne ville voisine. Le nom de la Table des Marchands vient du breton An Dol March’hand (littéra- lement table cheval allée ou “Table de l’allée du cheval”) et n’a donc aucun lien ni avec des marchands (du temple) ni avec une famille du même nom . Sa rela- tion au cheval pourrait être à chercher dans le domaine de l’énergie, aspect sym- bolique fondamental de cet animal qui, dans l’antiquité, tirait le char contenant le Soleil. N’oublions pas qu’à 336m de là, sous le tumulus de Mane Lud, 5 crânes de chevaux coiffaient 5 menhirs dressés en courbe.
Ce qui est certain, cependant, c’est que
la pierre de couverture massive au-des- sus de la chambre n’a pas été déplacée, son poids de près de 40 tonnes la protégeant des simples travailleurs de la carrière. C’est un point important car il y a une différence majeure entre la structure d’un tumulus ou cairn avec une chambre et celle d’un dolmen recouvert par un cairn. La pierre de couverture mégalithique dans un tumulus est supportée par le cairn, construit avec des pierres horizontales, souvent petites, comme c’est le cas à Gavrinis dans le Golfe du Morbihan, à Kercado et la chambre du Tumulus Saint-Michel à Carnac ou bien Kerlud à Locmariaquer. La table d’un dolmen, a contrario, est portée par de grosses pierres dressées, ou orthostats, comme c’est le cas au Dolmen de Crucuno, avec sa dalle couverture de 40 tonnes, et la Table des Marchands. L’une de ces trois pierres de support verticales de ce dernier, à l’extrémité de la chambre, est un morceau de grès blanc magnifiquement sculpté de forme ogivale, de 2,7m de haut et 2,7m de large à sa base. La pierre, connue sous le nom de Déesse-Mère en écusson ou Déesse Ogivale, semble provenir du bassin oriental
de la rivière de Vannes, qui est plus éloigné que la carrière d’orthogneiss d’où aurait été extraite la dalle de couverture. C’est le seul mégalithe connu à y avoir été extrait. Il est très riche en mica et en quartz, donc il scintille avec des centaines de petits point lumineux lorsqu’il est éclairé. Ceci est particulièrement visible au solstice d’hiver, la seule période de l’année où les rayons du soleil levant descendent le couloir et frappent la pierre sur son côté gauche. Selon la datation C14 sur charbon de bois trouvé entre ses pierres de calage, la Déesse a été érigée à sa position actuelle entre -4900 et 4700, c’est à dire il y a près de 7000 ans, au moins 100 ans avant le grand Menhir et plusieurs siècles avant le dolmen et le cairn. Cependant, les connexions géométriques et astronomiques entre les deux pierres et l’entrée du dolmen suggèrent le contraire, comme nous le verrons bientôt.
Sur le site Web culturel du gouvernement français, on dit que la pierre est naturellement ogivale, mais c’est très difficile à croire en raison de sa symétrie parfaite et de ses mesures de base et de hauteur identiques. Il n’y a aucun signe de martelage sur ses bords, ce qui nous laisse encore un autre mystère sur la façon dont elle a été créée. Le Dr Davidovitz a suggéré que les constructeurs avaient les connaissances nécessaires pour créer de la pierre comme nous mélangeons du béton et qu’il se pourrait que cet objet ait été coulé dans
un moule. C’est une idée fascinante qui aiderait à expliquer beaucoup de choses, y compris le trans- port et les sculptures en relief. Bien sûr, cela reste à prouver.
La photo 2, prise par Félix Gaillard vers 1892, est probablement la plus ancienne photographie connue de la déesse. Les pierres du cairn ont glissé vers le bas dans la chambre, ayant à un moment donné été décollées de leur structure initiale. On peut voir dans la figure 3 les étonnantes sculptures en relief qui sont reproduites sur une copie. Le dessin est symé- trique et recouvre complètement la surface de la pierre. Un axe central contient plusieurs sculptures, dont un Soleil central avec des rayons devenu invi- sible. Un examen attentif d’une vieille photo prise par Zacharie Le Rouzic montre que le Soleil a une forme ogivale, comme la pierre elle-même (Figure 4).
Un rayon de soleil bien positionné sur la photo 2 révèle une sculpture en forme de “8” dans l’axe central près de la base de la pierre qui n’est plus visible aujourd’hui. Ceci est reflété par une sculp- ture similaire au-dessus du soleil. De part et d’autre de l’axe central rayonnent un grand nombre de formes “creuses”.